Financé par Conseil régional de La Réunion
FSELa lutte contre l’illettrisme constitue une priorité nationale, inscrite à la loi contre l’exclusion du 29/07/1998.
Par ailleurs, la loi du 05/03/2014 relative à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale parachève la régionalisation de la formation professionnelle et renforce le bloc de compétence des régions en matière de formation au-delà des chômeurs. Ainsi, afin de garantir l'accès à la qualification, le SPRFP (service public régional de la formation professionnelle) précise ses missions dans ce domaine et notamment en matière de lutte contre l'illettrisme.
En effet, la Région est désormais compétente vis-à-vis des personnes ayant quitté le système scolaire pour organiser les actions de lutte contre l'illettrisme et les formations permettant l'acquisition des compétences clés, en complément de la politique nationale de lutte contre l'illettrisme conduite par l'Etat.
Le taux de l’illettrisme à La Réunion s’établit à 22,6 % pour la population de 16 à 65 ans, contre un taux de 9 % en France métropolitaine, avec 116 000 illettrés à La Réunion en 2013.
Ces chiffres actualisés par l’enquête Information et Vie Quotidienne (IVQ) réalisée par l’Insee en 2013, font état d'une augmentation de la population en situation d'illettrisme compte tenu de l'accroissement démographique (6 500 habitants de 16 à 65 ans supplémentaires par an entre 2007 et 2011).
La charte de partenariat pour la Prévention et la Lutte contre l’illettrisme signée en 2007 par l’Etat, le Rectorat, le Département, la Région et la Caisse d’Allocations Familiales, rejoints par La Poste en 2008, a été renouvelée en 2010, avec un partenariat élargi.
Les signataires se sont engagés à conjuguer leurs efforts, à mobiliser les moyens financiers dont ils disposent afin de mener et évaluer, de manière efficace et lisible, des actions concertées en faveur de la prévention et de la lutte contre l’illettrisme, dans le respect de leurs compétences.
Le Plan d’orientation stratégique de Prévention et de Lutte contre l’illettrisme de La Réunion 2010-2015 est la déclinaison opérationnelle des actions découlant de la charte. Il vise à réduire, au moins de moitié l'écart entre le taux réunionnais d’illettrisme et celui de la métropole en la période 2011-2015.
Le rapport du Conseil National de la Formation Professionnelle Tout au Long de la Vie (CNFPTLV) de décembre 2013, préconise de :
Faire baisser le taux d’illettrisme de deux points d’ici 2018, le mesurer pour chaque région et en évaluer les résultats.
Concentrer les actions sur deux priorités à des âges différents de la vie :
d’une part en prévention de l’illettrisme chez les enfants et les adolescents,
d’autre part en direction des plus de 45 ans et des résidents en zones rurales ou urbaines sensibles qu’ils soient salariés ou demandeurs d’emploi.
Développer et renforcer une organisation territoriale et partenariale de la prévention et de la lutte contre l’illettrisme.
Renforcer la mise à disposition d’outils de repérage et de prévention, de capitalisation des bonnes pratiques, ainsi que la sensibilisation des professionnels de l’orientation ; encourager les initiatives porteuses d’innovation et de partenariat entre le monde de l’éducation et de la formation et le monde de la recherche.
De plus, ces actions répondent en tant que de besoin aux objectifs fixés dans les politiques de planification régionale négociées avec l'Etat et l'Union européenne dans le cadre du Programme Opérationnel européens pour la période 2014-2020 (OT 9 : « promouvoir l'inclusion sociale et lutter contre la pauvreté »).
La 1ère action concerne l'achat de prestations de formation pour la mise en oeuvre du dispositif de formation "lutte contre l'illettrisme - Ateliers Compétences Clés".
Ces ateliers, faisant l'objet de 8 marchés, seront soumis aux caractéristiques suivantes :
--> action organisée sur toute l'île, à raison d'un lot "Aide à la parentalité" et d'un lot "développement des potentiels" sur chaque micro-région ;
--> chaque lot comprend 2 groupes, non concomitants, de 13 stagiaires maximum en simultané ;
--> durée des formations : parcours de 400 heures maximum en centre ;
--> accompagnement individualisé des stagiaires.
Les contenus pédagogiques devront intégrer les spécificités réunionnaises afin de prendre en compte l'identité culturelle et la langue maternelle de la majorité des stagiaires, le créole. Par ailleurs, l'approche pédagogique s'adaptera à la situation des stagiaires et devra être dynamique en s'éloignant des approches scolaires.
1) Pour l'atelier « Aide à la parentalité », les contenus abordés concernent principalement :
- la puériculture
- le développement du langage
- l'éveil musical
- la lecture
- les contes
- le jeu
- l'école
- les loisirs
- l'adolescence
- l'éducation sexuelle.
Il est fait appel à des intervenants attractifs : conteur, musicien, comédien, slameur, peintre... et à des personnalités susceptibles d'apporter aux stagiaires des informations pertinentes : médecin, puéricultrice, travailleur social, nutritionniste, juriste, etc.
Des sorties pédagogiques sont organisées sur un site en rapport avec la petite enfance, l'accompagnement scolaire et/ou le développement de la lecture : médiathèque, crèche, atelier d'écriture, salon du livre, heure du conte, rencontre parents-professeurs...
Ces ateliers de littératie familiale s'adressent à des mères et pères de famille, à des grands-parents, et éventuellement à des jeunes projetant de fonder une famille. En cas d'effectif insuffisant, il peut être envisagé de proposer l'action à des personnes ayant un projet professionnel de garde d'enfant.
2) Pour l'atelier « Développement des potentiels », les domaines retenus (couture, cuisine-pâtisserie, dessin (graf), musique) sont abordés à travers les modules suivants :
- Communication orale, avec pour objectif : développer la communication dans la langue maternelle ;
Sous forme de table ronde ou café-bar : faire connaissance, parler de ses savoirs-faire, de ses loisirs, de ses projets, organiser une sortie (mur de graf ; snack-bar(s) ; crèches ; ateliers de couture ; ateliers de peinture ; ateliers de musique).
- Communication en langue française, avec pour objectif : développer la communication orale et écrite en français
- Savoirs appliqués ; savoirs de base relatifs à l'activité
- Sortie pédagogique, suivie d'une restitution
- Mathématiques
- Immersion en entreprise (deux périodes de 5 jours), suivies chacune d'une analyse du stage en entreprise
- Préparation à la création d'activité
- Bilan et sortie conviviale.
L'immersion en entreprise est prévue sur 70 heures, soit 2 semaines pendant lesquelles le stagiaire pourra découvrir de plus près l'activité vers laquelle il s'oriente, et établir des contacts directs avec le secteur professionnel.
En outre, la prestation comprend un suivi en entreprise (visites sur place durant la phase d'immersion des stagiaires en entreprise) ainsi que les enquêtes pour connaître le devenir des stagiaires, réalisées 6 mois au terme de leur formation.
La 2ème action concerne la rémunération des stagiaires conformément à l'article R 6341-1 du Code du travail.
Ces formations professionnelles visent à encourager la consolidation des savoirs de base en permettant à des personnes de réapprendre, de renouer avec la culture de l’écrit et de consolider les compétences de base. En visant l’acquisition des savoirs fondamentaux (lecture, écriture, calcul et raisonnement, développement de l’autonomie sociale), les personnes relevant de l’illettrisme peuvent davantage envisager une insertion sociale, puis professionnelle, grâce notamment à une poursuite d’actions de formations pré-qualifiantes et qualifiantes.
Atelier « Aide à la parentalité »
L'action se réferre aux Actions Educatives Familiales (AEF) et au référentiel (cf. RCCSP joint en annexe) définis par l'ANLCI.
Il s'agit de mener une action avec des adultes qui sont aussi parents et pour qui la non maîtrise des compétences de base – parler, lire, écrire, calculer, compter, se repérer – rend difficile l'accompagnement de la scolarité de leurs enfants, les contacts avec l'école, l'accès à des équipements éducatifs et culturels, l'exercice de la parentalité dans toutes ses dimensions.
Transformer positivement le rapport à l'écrit de ces personnes et développer leur maîtrise des compétences de base constituent des objectifs présents dans toutes les actions entrant dans la démarche de l'action. Elle vise un « effet ricochet » : il s’agit, à travers la mobilisation des parents autour des savoirs de base et leur réconciliation avec la culture de l'écrit, d’avoir parallèlement un impact positif sur la scolarité des enfants.
Les enjeux sont complémentaires pour les parents et leurs enfants :
Prévenir l’illettrisme dès l’école : réduire les risques de décrochage et d’échec scolaire, favoriser la réussite de tous les enfants ;
Lutter contre l’illettrisme des adultes : favoriser l’insertion sociale et professionnelle des parents en difficulté avec les compétences de base ;
Contribuer à une meilleure prise en compte de la problématique de l’illettrisme dans les différentes sphères de la vie professionnelle, sociale et citoyenne, dans une perspective plus inclusive.
Atelier « Développement des potentiels »
Il s'agit de valoriser et de développer des compétences ou des prédispositions repérées chez des personnes en manque de confiance ; à travers des activités et une reprise des savoirs généraux et transversaux, ces ateliers sont destinés à approfondir les connaissances empiriques des stagiaires.
Il ne s'agit pas d'enseigner la discipline mais d'amener le stagiaire à se structurer et à structurer sa pratique à partir d'un retour sur les compétences-clé qui lui permettront d'améliorer son activité informelle, voire d'en faire éventuellement une source de revenus.
A cet effet, les domaines suivants ont été retenus : couture, cuisine-pâtisserie, dessin (graf), musique.
Plus largement, ces actions contribueront à améliorer la littératie auprès de ces publics, c'est à dire à développer leur aptitude à comprendre et à utiliser l'information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d'atteindre des buts personnels et d'étendre ses connaissances et ses capacités.
In fine, l'objectif est d'encourager et de faciliter une insertion sociale puis professionnelle de publics illettrés.
Indicateurs de résultats : la formation vise une entrée positive - à savoir que les bénéficiaires soient engagés dans la recherche d'un emploi, suivent une formation, obtiennent une qualification ou exercent un emploi, au terme de leur participation - pour 30 % de l'effectif prévisionnel, soit 39 participants. Ce chiffre concerne 130 participants pour les 5 lots présentés au financement FSE (n° 1, 3, 4, 5 et 8).
Les 2 actions se déroulent en simultanée car elles sont liées l'une (prestation de formation) à l'autre (rémunération), durant la période de mise en oeuvre du marché.