Depuis 2013, l’AREP a conduit 4 opérations de « Remobilisation sociale et professionnelle des mères isolées » qui ont été cofinancées par la CAF, la Délégation au Droits des femmes et le FSE. Ces actions ont concerné des mères isolées qui ont de près ou de loin une histoire commune : celle de traverser une période de difficultés sociales, administratives, éducatives et financières. 24% des réunionnaises sont à la tête d’une famille monoparentale et  ce chiffre ne cesse de s’accroître.

Les 4 opérations réalisées ont démontré que les problématiques repérées chez ces familles entravent   leurs démarches d’insertion socio-professionnelle :

Difficultés à concilier vie familiale et vie professionnelle : en effet, la situation de parent « isolé » pose la question de la disponibilité pour travailler à l’extérieur du domicile. « Comment s’organiser pour faire garder le bébé, déposer les enfants à l’école, quelle garde en dehors des heures d’école ? » Il est important d’aider les personnes à formuler leur craintes et  difficultés au regard de ces perspectives mais aussi de leur montrer qu’un nombre de droits et de solutions existent.
Difficultés pour accéder à la formation et à l’emploi et s’y maintenir : « comment aller vers les institutions, utiliser les nouveaux moyens de communications ? » Dans une économie qui se mondialise et où la technicité des emplois est de plus en plus accrue, il ne reste pas beaucoup de place pour les personnes les moins qualifiées. Les mères isolées en sont conscientes et préfèrent souvent renoncer à l’emploi afin de s’occuper de leur famille.
Difficultés liées à la mobilité : malgré l’existence des réseaux de transport interurbain, la mobilité constitue  un problème majeur ; à cela s’ajoute des frais financiers et aussi un manque de desserte au niveau de certains quartiers.
Un manque de connaissances  en matière d’accès aux droits et aux services : certaines mères de familles, de par leurs difficultés sociales et de la méconnaissance de leurs droits et devoirs s’isolent davantage et présentent des difficultés à s’insérer professionnellement (longue période d’inactivité). Le plein exercice de la citoyenneté implique un égal accès au droit.
Des difficultés à se projeter à travers un emploi « mixte » ou une formation : les femmes se projettent le plus souvent vers des métiers dits « féminins » (aide à la personne et hygiène/propreté) et n’arrivent pas à de développer d’autres potentialités et compétences transversales qui pourraient les aider dans leur choix et orientation professionnelle.
Un manque d’expérience professionnelle : les publics accompagnés lors de ces dernières opérations ont très peu travaillé  du fait de leur très jeune âge et aussi du fait de leur situation familiale avant une séparation et/ou divorce. Ces personnes ont davantage suivi le schéma familial traditionnel.
Problématiques liées à l’exercice de leur rôle parental : lors des opérations précédentes, certaines mères isolées nous ont confié leurs difficultés à communiquer avec leur adolescent, notamment le décrochage scolaire, les dangers d’Internet, les comportements déviants….. .
Face à ces constats, il est primordial de prendre en compte leur histoire vécue et situation familiale et personnelle, leurs angoisses, leur représentations du travail et les rapports que les personnes entretiennent avec la société, afin de mieux discerner les positions qu’elles adoptent face à l’emploi.

Au vu des constats cités ci-dessus, l’insertion socio-professionnelle ne constitue pas la priorité de  certaines mères isolées. La démotivation liée à une longue période d’inactivité, le manque de qualification, la pénurie d’emploi ainsi que les problèmes sociaux que rencontrent ces femmes entravent le processus d’insertion professionnelle.

Notre but ici est de « tendre une perche » à ces personnes en vue d’inverser cette tendance, et ce en travaillant à trois niveaux :

La représentation du travail et en parallèle, le regard qu’elles portent sur elles et leurs capacités (la confiance en soi…).
La recherche de perspectives professionnelles compatibles avec les situations familiales (en particulier la charge des enfants)
La re-motivation par une dynamique de groupe, en se confrontant à d’autres qui connaissent les mêmes difficultés et qui suivent leur propre cheminement pouvant être un exemple et autant de pistes pour les autres.
 
Cet accompagnement d'une durée de 7 mois se déroulera sur 3 secteurs distincts : Saint-Pierre, Tampon et Saint-Louis et  permettra aux bénéficiaires d’enclencher une démarche d’insertion socio-professionnelle en leur proposant  un module socio-professionnel et des activités avec différents supports.

 
Les finalités de ce projet sont de : 

​- promouvoir l'inclusion sociale et de lutter contre la pauvreté et toute forme de discrimination

​- accroître le nombre de participantes inscrites dans un processus d'insertion