Financé par Réseau VIF
FSELes violences conjugales, constituent un phénomène très prégnant à la Réunion : près de 5 actes constatés dans le cadre de violences conjugales faites aux femmes sont ainsi dénoncés en moyenne chaque jour (source : Police – gendarmerie – chiffres 2013). Et par ailleurs, tous les faits de violences conjugales ne font pas l’objet d’un dépôt de plainte. La Réunion, par rapport au territoire métropolitain se caractériserait par un grand nombre de faits conjugué à un degré de gravité important. Les principales conclusions issues de l’enquête réalisée en 2002 et 2003 par l’INSEE révèlent qu’à la Réunion, l’indice global de violence conjugale s’élève à 15 % contre 9 % en métropole.
Une composante familiale spécifique, voire désorganisée : Le contexte réunionnais est marqué par un nombre important de jeunes mères, parfois adolescentes. Ces naissances précoces représentent près de 5% des naissances totales, soit une proportion bien plus importante qu’en métropole. De plus, le nombre moyen d'enfants par femme à La Réunion est de 2,38 (source : INSEE), toujours largement au-dessus de celui de la France métropolitaine. Ces 2 éléments induisent traditionnellement, à la Réunion, un rôle de substitut maternel de la sœur aînée ou un substitut parental opéré par les grands – parents.
Ainsi, la prise en charge des familles doit prendre en compte ces paramètres : une fratrie élargie, un(e) ainé(e) issue de grossesse précoce, souvent différents pères... De plus, la fonction paternelle, l'image du père et ce qu'il représente par rapport à la mère dans ses relations éducatives aux enfants est attaquée. La structure familiale dite matrifocale, avec l’absence du père caractérise bon nombre des situations qui nous sont signalées.
Une mise à distance complexe : le refuge dans la famille, ou encore le maintien au domicile avec « mesure d’éloignement du conjoint violent » n’exclut pas une très grande proximité avec la famille du conjoint, compte tenu des habitudes d’habitat. Cet état de fait contribue à renforcer le risque de conflit de loyauté des enfants et vient complexifier la question du relogement.
Des difficultés socio-économiques : le territoire se caractérise par un taux de chômage très important. Et nombre de situations qui nous sont confiées sont parallèlement confrontées à une misère sociale et à un problème d’accès à l’emploi qui entravent toute perspective d’autonomie et tout espoir d’issue favorable.
L’Association Réseau VIF expérimente une nouvelle réponse pour améliorer la prise en charge, lutter contre la récidive et la reproduction par une approche d’accompagnement global et intégré des violences intrafamiliales selon des critères de Grand Danger.
La dimension expérimentale et innovante repose sur une nouvelle approche de la prise en charge des femmes selon 3 axes :
- la prise en charge du conjoint/ex conjoint, pour déjouer le mécanisme du cycle violence d'une part et des enfants, pour lutter contre le risque de reproduction trans générationnelle ;
- une prise en charge qui intègre la graduation du danger;
- un accompagnement pluridisciplinaire adapté à la situation qui tient compte de l'ensemble des volets.
L'action recouvre l'accompagnement pluridisciplinaire des femmes et familles à transaction violente, visant une prise en charge globale des Violences Intra familiales à La Réunion, dans le cadre d’un parcours intégré, à caractère de Grand danger, avec ou sans hébergement en Maison d’Accueil Temporaire.
Ainsi, 3 étapes structurent l'accompagnement :
Instruction de la saisine qui signale une femme victime de violences conjugales : nous prenons contact avec le prescripteur, les intervenants déjà identifiés, et la femme victime pour apprécier la pertinence de notre intervention.
La prise en charge : nous intervenons auprès de la femme et des enfants dans un premier temps pour un pré-diagnostic global. Cette évaluation donne lieu soit à une réorientation avec activation des relais nécessaires pour étayer la stabilisation soit à une prise en charge pour mettre en œuvre les mesures propices. Cette étape de prise en charge s’effectue avec hébergement (3 semaines en Maison d’Accueil Temporaire co géré par l’association 3S– lieu secret) ou sans hébergement (externe).
Le suivi : cette étape vise la consolidation des mesures engagées.
La prise en charge peut aller jusqu'à 6 mois.
Parallèlement, nous réalisons un pré diagnostic auprès de l’auteur, puis du suivi quand cela est rendu possible.
L’action consiste alors à assurer et coordonner des interventions pluridisciplinaires (sociale, juridique et judiciaire, psychologique, sanitaire, éducatif …) des personnes (victimes, auteurs, enfants exposés) concernées par ces situations de violences. Tous les membres de la famille sont concernés individuellement et les prises en charge préconisées se font en appui avec le réseau partenaire.
La prise en charge ne se situe pas sur une prise en charge d’urgence, relevant d’un besoin de mise à l’abri qui est gérée par le 115.
Le projet vise au plan des personnes accompagnées : l’autonomie et la ré inclusion sociale. Au delà, il vise à contribuer à améliorer la prise en charge : sur le plan quantitatif car de trop nombreuses situations ne relèvent encore d’aucun dispositif d’appui et sur le plan qualitatif. En effet, il s’agit d’expérimenter une nouvelle approche, pour éviter la récidive et la reproduction de la violence, concernant les membres de la famille mais également pour les générations futures.
Enfin, la prise en compte du grand danger entend contribuer à réduire le risque d’homicide.
L’objectif du projet est de permettre à des personnes en situation de rupture sociale à la suite de processus d’exclusion marqués (rupture familiale) ayant des difficultés liées à des violences conjugales, de bénéficier d’un accompagnement global individualisé. Cet appui est soutenu par un accès à un hébergement ou à un logement autonome, qui constitue pour elle un pré requis, un point de départ pour engager ce processus de reconstruction et de remobilisation.
Sur la base d’un diagnostic, l’action vise à mettre en œuvre les démarches nécessaires à l’insertion sociale stabilisée des personnes, en recherchant à pallier les éléments susceptibles de catalyser la reproduction de la violence.
Il s’agit de mettre en œuvre :
Le principe d’intégration inhérent à l’action (« parcours intégré »), qui implique le rapprochement de professionnels qui s’entendent pour offrir des services coordonnés et continus à ces familles en prise aux violences intra familiales. La coopération et l’interdépendance des différents acteurs, nécessaires pour dispenser ces services, peuvent reposer sur des arrangements allant de la mise en place de mécanismes souples à plus encadrés dans le cadre de convention formalisée.