Dans le domaine de la lutte contre les violences faites aux femmes, tous les acteurs – chacun selon sa compétence - n’ont qu’un but : permettre aux femmes qui en sont victimes de retrouver les conditions et les moyens d’une vie sociale normale, en agissant pour :
- les sortir de leur souffrance psychologique et/ou physique,
- leur redonner une existence, une valeur et les moyens de disposer d’elles-mêmes, où l’emploi est un levier majeur,
- les accompagner dans ce parcours de reconstruction et de réinsertion, en tant que personne disposant de droits protégés.
La corrélation entre violences et accès à l’emploi n’est plus à démontrer. Si le premier enjeu pour une femme victime des violences est d’en sortir, la question de l’autonomisation économique est primordiale. L’accès à l’emploi est alors synonyme d’indépendance financière et permet de fuir l’agresseur. Les difficultés que les femmes éprouvent pour accéder à l’emploi en font un public fragilisé. Les inégalités à La Réunion persistent entre les femmes et les hommes et trouvent leurs fondements dans des rapports ancestraux de domination masculine dont l’expression est les violences faites aux femmes à La Réunion.
Ainsi, pour optimiser et accroître les actions contre ces discriminations et leurs conséquences, l'ensemble des acteurs institutionnels et associatifs ont exprimé les besoins suivants :
accroître le nombre de femmes victimes accompagnées dans leur réinsertion avec un renforcement du repérage des victimes, une sensibilisation et une mobilisation de tous pour la prise en charge vers l'insertion sociale des femmes les plus vulnérables
mesurer et analyser de façon régulière l'évolution des comportements, du phénomène de violences envers les femmes, sources d'exclusion sociale et de dépendance économique
évaluer les besoins de prise en charge, les attentes d'accompagnement du public féminin fragilisé par la spirale de violence
disposer d'un espace d'animation et de coordination des parcours de réinsertion.
Pour l’essentiel ce sont les missions que l’ORVIFF assurera pour favoriser l’insertion des femmes les plus vulnérables.
L’intervention de l’ORVIFF s’inscrit dans le cadre d’une politique européenne, nationale et locale rappelée par :
la convention du Conseil de l’Europe, dite convention d'Istanbul, sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, ratifiée par la France en juillet 2014. Un des objectifs de cette convention est de contribuer à éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et de promouvoir l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, y compris par l’autonomisation des femmes
les orientations du 5ème Plan de Mobilisation et de Lutte contre toutes les violences faites aux femmes (2017-2019) qui traduit l’engagement de l’État à permettre aux femmes victimes de violences, d’accéder à leur droit d’être protégées et accompagnées, pour sortir des violences et se reconstruire.
la loi 2017-256 du 28 février 2017 de programmation relative à l’égalité réelle outre-mer et portant autres dispositions en matière sociale et économique : l’article 119 comportant des dispositions relatives aux droits des femmes préconise l’expérimentation de la mise en place d’un observatoire des inégalités entre les femmes et les hommes, chargé notamment d’étudier les violences faites aux femmes, de proposer aux femmes victimes de violences une prise en charge globale et de conclure des partenariats avec l’ensemble des acteurs intervenant dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
Depuis sa création en 2014, l’ORVIFF a un rôle déterminant dans l’amélioration de la connaissance du phénomène, la formation et l’animation du réseau d’acteurs publics et associatifs de prise en charge des femmes victimes de violences. C’est un outil d’aide à la décision qui permet d’orienter les actions prioritaires des partenaires de prise en charge et d’accompagnement des publics vulnérables. Les outils que propose l’ORVIFF (tableau de bord, formation des acteurs, guide de procédures…) sont des appuis essentiels aux actions du réseau d’acteurs publics et associatifs en charge de l’insertion sociale des femmes victimes de violences.
L'Etat, le Conseil régional et le réseau des structures associatives en charge de l'inclusion sociale, de l'accompagnement et de l'orientation des femmes victimes, ont souhaité créer une plateforme d'observation, de centralisation et de convergence : l'observatoire réunionnais des violences faites aux femmes (ORViFF). Lieu de rencontres et d'animation du réseau d'acteurs des violences faites aux femmes, il favorise le déploiement d'outils de prise en charge, de sensibilisation, de protection et de prévention. L'action principale est de proposer aux structures en charge de l'accompagnement des femmes victimes de violences dans leurs parcours d'insertion sociale et professionnelle, des outils, des procédures d'observation, des formations, garants d'une prise en charge plus efficace.
Plusieurs observatoires ont été créés au niveau national, l'ORVIFF étant le premier projet ultra-marin. Il a bénéficié d'un soutien national important en raison de la volonté locale de pouvoir disposer de cet outil. Pour sa mise en place, il a bénéficié de l'expérience acquise par la MIPROF- mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains- dans l'accompagnement et le développement des observatoires existants.
L'action de l'ORVIFF s'articule et se décline en quatre volets :
1-l'information et la sensibilisation des acteurs en charge de l'inclusion sociale, de l'accompagnement et de l'orientation, pour une prise en charge plus efficace des femmes victimes de violences et de discriminations
2- la mise en réseau de ces acteurs et le développement d'outils communs, pour développer une culture partagée
3- l'observation et l'analyse, pour mieux connaître les situations de violence et leur évolution
4- l'information et la sensibilisation du grand public à la fois pour y développer une plus grande prise de conscience et une meilleure solidarité.